La libération des environs de Bouilly de Juin à Août 1944 et le destin du Général Arndt

Avertissement

Le souvenir de la dernière guerre nourrit, aujourd’hui encore, polémiques et controverses.

Dans ce livre, j’ai voulu citer les faits et surtout les souffrances ressenties par toutes les personnes que j’ai pu interroger. Les derniers mois de conflit ne se résumaient pas à une bataille entre les soldats allemands et les Résistants. La population jouait un grand rôle, soit dans le ravitaillement des Résistants, au péril de leur vie, ou ceux que l’on nommait les « collaborateurs ».

Ne pas les citer, c’est faire une impasse sur l’Histoire. Il est évidemment inacceptable que des jeunes Résistants, investi d’une noble mission, se fassent dénoncer par des amis, ou leurs propres voisins, pour quelques raisons que ce soit ! Malheureusement, l’impensable a bien existé. Ce n’est pas un phénomène localisé, car en France, dès la fin du conflit, 350 000 dossiers ont été déposés et 60 % d’entre eux, classés sans suite. Cependant, 125 000 personnes sont poursuivies en cours de justice et 1 500 sont exécutés. Ils s’additionnent aux 8 500 exécutions « sauvages ». Plus de 20 000 femmes ont été tendues.

Je m’excuse si j’ai pu heurter des sensibilités, des plaies mal refermées ou des souvenirs intolérables. Si j’ai associé, après une longue réflexion, les « collaborateurs » dans ma liste de TOUTES les victimes de la guerre, c’est essentiellement pour ne pas oublier celles et ceux qui ont été assassinés par erreur, et classés dans cette catégorie. Ils sont innombrables en France et je connais plusieurs cas dans l’Aube. Personne ne peut soutenir ces actes de délation. Lors de mes enquêtes, beaucoup de femmes m’ont avoué ne pas avoir été insensibles pour ces beaux soldats en uniforme allemand. Le coeur dépasse quelques fois la raison. Si j’étais une femme, je comprendrai certainement mieux ces propos dérangeants.

Toutes les souffrances doivent avoir le droit de cité. Toutes les mémoires doivent pouvoir s’exprimer. Les empêcher est digne du régime de ceux que l’on combattait.

L’invasion allemande de 1940 a permis de révéler la nature profonde de l’Homme. Plus de 60 ans après la fin des combats, il convient maintenant d’encourager une mémoire apaisée de cette période, pour qu’elle rejoigne l’Histoire, afin de regarder, sans complaisance, ni faiblesse, ce qu’elle fut réellement ! Il est temps de regarder les choses en face.

Le message de ce livre est de souligner combien la paix est fragile et combien elle doit être protégée contre l’intolérance, le racisme et toutes les idéologies qui peuvent détruire l’idéal humain, et engendrer des violences, comme celles que j’ai pu malheureusement décrire dans ce livre de témoignages. Le devoir de mémoire reste, plus que jamais, indispensable.

Plus jamais cela ! Si j’ai pu faire évoluer les choses dans ce sens, même minime, j’en suis heureux.

Alain Hourseau.

Avec M. Sauveur Spano,
lors de la conférence de Crogny.
Ancien résistant, il était présent,
lors de l’éxécution du général Arndt.

Un article de journal abordant le livre :


Quelques témoignages :

Monsieur,

C’est avec un grand intérêt que j’ai lu la brochure relatant l’assassinat du général Arndt qui resurgit après tant d’années.

Je me rappelle qu’à l’approche des Américains en aout 1944, le bruit était parvenu jusqu’à nous qu’un général allemand « aurait été capturé », sans plus de précision.

Rien d’autre par la suite.Tant d’événements s’en étaient suivis avec l’arrivée de nos libérateurs à Troyes.

Que des prisonniers aient été abattus froidement dans de telles conditions m’indigne, car de tels actes ne peuvent justifiés ceux commis par les ennemis.

Trop de groupuscules répartis dans la région, livrés à eux-mêmes sans avoir reçu de formation militaire valable, ne se limitaient pas aux seuls sabotages et n’agissaient pas selon le code de l’honneur. J’ai appris, de l’aveu même de certains ayant depuis quitté de monde, qu’ils en avaient ressenti (au lieu d’en avoir tiré de la fierté), sinon de la honte, mais des regrets et remords en se rappelant cette période si sombre de leur passé (dont ils ne voulaient plus entendre parler et voulaient oublier).

Mme Suzanne Chanal


Si la grande majorité des membres de Résistance furent dignes de tous les éloges, il y eut dans son sein, des individus sans scrupules, qui laissèrent libre cours à leurs bas instincts, et profitèrent des circonstances favorables pour assouvir des vengeances personnelles, et se livrer à des exactions (vols, viols, assassinats).

Trop facile de « coller » une étiquette de collabo, pour une réflexion imprudente, ou un motif futile, et d’exercer une répression injustifiée envers celui que l’on déteste.

Ne pas dénoncer ces faits, c’est occulter des événements regrettables et amputer une partie de notre histoire locale. Cette vérité, nous la devons aussi aux générations futures, et souligner ainsi l’atrocité des guerres avec leur cortèges d’horreurs.

Ces faits, rapportés par Alain Hourseau, historien local qui m’honore de son amitié, sont indéniables, car confirmés par plusieurs témoignages émanant de personnes actuellement disparues, ou encore existantes, contemporaines des événements rapportés. (testis umus – testis nullus). Tous ces témoignages concordent.

Mon ami les expose en termes très modérés, et passe sous silence des agissements les plus scabreux (viols en particulier). L’historien a le devoir de les consigner sans apporter de jugement. Ne pas l’écrire, c’est le mensonge par omission

L’Histoire est toujours écrite par les vainqueurs. Regrettons qu’il existe malheureusement des sujets « tabous », qu’il est interdit d’aborder !

Michel Raison


M. Alain Hourseau

Lorsque j’ai vu que vous aviez enquêté sur l’exécution du général Arndt, j’étais gêné car cette histoire était oubliée, et je pensais qu’il était inutile d’en reparler. J’étais présent lors de cette exécution, et je reste parmi les derniers témoins encore vivants actuellement.

Je vous ai contacté pour évoquer le sujet. Maintenant, je suis fier d’avoir pu vous aider et de tenter de localiser l’endroit des sépultures. J’ai l’impression d’avoir pu me libérer d’un fardeau.

Vous avez fait un travail de recherche remarquable. Il était nécessaire que cette anecdote soit aujourd’hui connue du grand public.

En parallèle, dans vos propos, vous traduisez, avec réalisme, l’ambiance qu’il régnait durant ces derniers jours, juste avant la Libération, tant attendue.

Il est vrai que certaines personnes se comportaient comme des bandits, n’hésitant à violer et assassiner des civils en toute impunité. Leurs surnoms sont restés dans nos mémoires, comme le « Grand Charles », mais omis dans les recueils ou livres traitant de cette période. Ils ont ternis l’image des véritables Résistants, voués entièrement et honnêtement à l’emprise de la pieuvre allemande. Ces méfaits ont été durement ressentis par la population, et vous avez su rétablir une part de vérité. Cependant, je note, que concernant ces actes, vous les avez volontairement minimisé, loin de la triste vérité.

Malheureusement, il n’y a pas de guerre propre, même de nos jours, malgré les leçons de l’Histoire. Les actualités nous en donnent l’exemple quotidiennement.

Il était important que tous les aspects de ce conflit soient évoqués. Nous devons la vérité aux générations futures. Il est déplorable que certaines Résistants, ou groupuscules, continuent à nier les faits, tels qu’ils se sont véritablement déroulés. Il est étonnant que ces personnes utilisent les mêmes méthodes que ceux qu’ils étaient censés combattre !

Il est souhaitable que cette conférence soit dispensée dans les collèges, afin de mieux sensibiliser les élèves sur cette drôle de période, qui n’est finalement pas si éloignée que cela !

Un grand merci.

M. Sauveur Spano, ancien Résistant du 131.


Monsieur,

J’ai fait partie des Résistants de la Compagnie Montenot. Nous avons arrêté le général Arndt, puis nous l’avons remis à nos collègues. Nous sommes ensuite partis pour participer à la Libération de Troyes. Je n’avais jamais su ce qu’était devenu le général. C’est avec stupéfaction que j’apprend aujourd’hui la vérité. Des fois, j’ai honte d’avoir appartenu à la Résistance !

Anonyme.

Image de 'Éxécution du general Arndt'

Auteur : Alain Hourseau

Editeur : Alain Hourseau

Parution : Octobre 2010

Prix : 7,00 euros

Format : 21 cm x 29,7 cm

Nombre de pages : 36

ISBN : 20101028-55762

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