Troyes à l’époque gallo-romaine

Un axe routier principal, la voie d’Agrippa, et une secondaire, en direction du sud, vont jouer un rôle important dans le domaine économique et social, car il devient le support de l’habitat du parcellaire et de l’organisation spatiale du paysage. Des délimitations territoriales s’organisent au centre desquelles nous trouvons les exploitations agricoles (les villae), les relais routiers (les mutationes), des pettes communautés (les vici), des temples, (les fana), les postes fortifiés (les stationarii). Encore de nos jours, ils délimitent les territoires commun aux.

Dans les différents chapitres, l’auteur développe la conquête des soldats romains lors de la guerre des Gaules, puis la romanisation avec l’origine des voies principales et secondaires, leurs réalisations, les utilisateurs et les modes de transport, la mise en place du parcellaire, la naissance de la cité des Tricasses, son évolution et des fortifications, l’émergence des villae rurales et les techniques de construction, les activités artisanales, commerciales et agricoles, la viticulture, le monnayage, les divisions administratives, l’étude étymologique des noms des communes et des contrées, mais aussi l’inévitable déclin avec les vagues d’invasions, les bagaudes, l’installation de Lètes dans les campagnes dévastées, l’arrivée des différents courants religieux, notamment le christianisme avec les premiers saints aubois.

Comme pour le précédent tome, l’auteur s’appui sur les découvertes recensées dans différents musées, les fouilles de l’autoroute A5, les rapports de fouilles archéologiques conservés à la DRAC et ses observations sur le terrain.

Une carte inventorie les découvertes et chantiers de fouilles à Troyes depuis le XVIII e siècle.
Ce livre s’adresse à tous, mais plus particulièrement aux non initiés des termes techniques et spécialisés en histoire et en archéologie.

PREFACE

Dans la continuité chronologique de son ouvrage édité en 1994 et intitulé De la Préhistoire aux Celtes, cantons de Bouilly, Ervy-le-Châtel et Troyes. Inventaire archéologique, Alain Hourseau nous livre le second tome de son histoire locale, consacré aux Gallo-romains. Son « voyage archéologique à travers le temps » le conduit à étudier une longue période historique bornée en amont par les années antérieures à la conquête de la Gaule par Caius Julius Caesar (58-51 av. J.-C.) et en aval vers les années 400 apr. J.-C., marquées par les chocs des invasions barbares.

Ensemble de peuples et de territoires, la Gaule (terme d’ailleurs d’origine latine) apparaît aux yeux des Romains non pas comme une entité géographique, linguistique ou politique, mais comme un espace complexe, hétérogène, au sein duquel ils distinguaient la Gaule Cisalpine (au nord de l’Italie), la Gaule transalpine ou Gallia togata (la Gaule en toge, c’est à dire romanisée), et la Gaule chevelue ou Gallia comata, indépendante. Il reviendra au premier empereur, Auguste, d’organiser la conquête territoriale de César en divisant la Gaule chevelue en trois provinces, les Tres Galliae : Belgique, Lyonnaise et Aquitaine. Si Alain Hourseau rappelle ce long processus historique de création et d’évolution de la Gaule romaine, c’est à la fois pour y initier ses lecteurs plus ou moins néophytes et pour y resituer des réalités locales particulièrement induites par l’étude limitée d’un espace géographique gaulois dont il entend relever les spécificités liées à sa romanisation, et donc à son acculturation.

Utilisant méthodologies et problématiques historiques acquises lors de ses études universitaires, Alain Hourseau dresse un inventaire archéologique le plus exhaustif possible, fondé sur un dépouillement minutieux de très nombreuses publications, articles et rapports de fouilles depuis l’époque moderne (comme cette première mention de la découverte d’un dépôt monétaire aubois en 1708 sur le territoire de Torvilliers) jusqu’aux travaux les plus récents, ainsi que sa connaissance personnelle du terrain enrichie par l’existence d’un réseau de correspondants lui confiant leurs observations et les objets qu’ils ramènent au jour. Ces collectionneurs privés lui font confiance à bon escient, leurs découvertes venant nourrir et enrichir un long travail d’analyse débouchant à la fois sur la description des paysages tant ruraux qu’urbains structurés par les voies romaines, et sur celle des individus et de leurs activités.

La lecture de cet ouvrage me semble doublement digne d’intérêt, dans la mesure où à sa valeur scientifique intrinsèque liée à l’inventaire des sources, à leurs explications et à leurs discussions érudites se juxtapose une démarche pédagogique rendant accessible aux non-spécialistes, grâce en particulier aux nombreuses illustrations proposées (cartographies de synthèse, dessins d’objets inédits), une étude approfondie d’une période historique complexe. Cette lisibilité a également pour avantage de sensibiliser un large public à la sauvegarde de ce riche patrimoine qui écrit notre histoire commune, et est donc l’affaire de tous. Comme l’a si justement formulé l’historien Polybe (I,1,1), on doit « réserver un accueil favorable aux ouvrages d’histoire, en songeant que l’homme trouve dans la connaissance du passé la plus instructive des leçons (…et que son) étude constitue l’éducation politique la plus efficace et le meilleur entraînement à l’action ».

Un tel inventaire exhaustif me semble de nature à combler bien des lacunes dans la connaissance de notre région et n’attend que d’être complété, infléchi et discuté à la lumière de découvertes et d’études ultérieures. Je souhaite donc à cet ouvrage, ouvrant une voie inédite, à la fois de très nombreux lecteurs et des rééditions successives revues, corrigées et augmentées. J’espère qu’il constituera une fructueuse incitation à d’autres recherches, comme l’étude d’autres cantons à la même période gallo-romaine, ou, même si je ne suis pas médiéviste, à la rédaction d’un troisième volume consacré à l’étude du passage de ce même territoire à la Francia mérovingienne et à la France médiévale.

Mme Catherine Lebailly,
Professeur agrégée d’Histoire Ancienne à l’Université de Reims Champagne-Ardenne.

AVANT PROPOS

Mais que s’est-il passé dans notre région pendant la période gallo-romaine ? Avons-nous des indices historiques ou archéologiques qui permettraient d’apporter des éléments de réponses ?

Pour ceux qui se posent ces questions, il est bien difficile de trouver des réponses claires, mais suffisamment fournies, dans un livre, qu’ils pourraient consulter librement chez eux. Pour tenter d’obtenir des éclaircissements, il faut alors passer beaucoup de temps à parcourir les rapports archéologiques conservés dans les différentes administrations. De plus, le vocabulaire employé n’est pas à la portée de tous. Un travail de synthèse était donc nécessaire.

Dans le premier tome, intitulé « De la préhistoire aux Celtes. Cantons de Bouilly, Ervy-le-Châtel et Troyes. Inventaire archéologique », j’avais brossé les différentes périodes préhistoriques et protohistoriques de notre histoire locale. Jackie Lusse, Maître de conférence, avait conclu la préface en ces termes : « Il reste à souhaiter que ce livre soit bientôt suivi d’autres volumes consacrés aux époques gallo-romaine et médiévale.» Il m’apparut donc nécessaire de poursuivre mon voyage à travers le temps, à la découverte de cette longue civilisation gallo-romaine, qui dura quatre siècles sur notre sol.

Tombée dans l’oubli, elle ressurgit avec la Renaissance. Les véritables travaux de recherches de nos ancêtres démarrent sous l’impulsion de Napoléon III avec l’installation du Musée de Saint-Germain-en-Laye, la mise en place d’une commission de la carte des Gaules et le fabuleux engouement pour les fouilles d’Alise-Sainte-Reine en Côte d’Or (Alésia), en 1860. Dès lors l’attrait des découvertes ne faiblira pas. La civilisation gallo-romaine sera même dynamisée par un nationalisme antigermanique après la défaite de 1870, qui s’infiltra dans tous les domaines de l’Histoire, mais plus particulièrement durant cette période.

A Troyes, quelques découvertes sont signalées au cours du XVIII è siècle, principalement dans le quartier Saint-Jacques. Pierre-Jean Grosley, passionné par l’histoire de la région, nous les communique dans ses écrits, notamment dans les Ephémérides Troyennes. Mais, c’est à partir de 1840 qu’elles vont être nombreuses et annuelles, suite à l’organisation régulière de travaux. Lors de la construction du nouvel abattoir dans le quartier de Chaillouet, en 1856, les maçons mettent au jour les vestiges d’une habitation. Cette découverte importante permet une véritable prise de conscience du passé gallo-romain de notre ville. La cartographie urbaine ne cessera pas d’évoluer au fil des années. Une étape importante est franchie à partir de 1928 avec les fouilles de deux cimetières, la construction de l’Ecole Normale, avenue du Premier-Mai, et les travaux des égouts révélant des vestiges d’occupation dans une quinzaine de rues.

Depuis plusieurs années, les structures sont bouleversées sans cesse davantage, de plus en plus vite, par la mise en oeuvre de moyens aussi divers que des grands chantiers urbains, des opérations de remembrement ou de l’ouverture d’une autoroute. Grâce aux nombreux chantiers de fouilles organisés lors de ces grands travaux, notre paysage archéologique a fortement évolué. De même, le ratissage des zones sensibles par la photographie aérienne, notamment par Claude Massin, nous permet d’appréhender cette période avec une meilleure connaissance documentaire.

Ce deuxième volet commence lors de l’invasion romaine de 58 av. J.-C. qui est un tournant fondamental. D’abord, nous entrons dans l’Histoire. Les sources toponymiques, archéologiques sont maintenant complétées par les sources écrites des auteurs grecs et latins, car les Celtes n’ont généralement pas laisser de traces écrites. Une fois les hostilités terminées, la Gaule connaît pour la première fois l’unité politique et administrative. C’est une société complète à l’image de la notre. « César conquit la Gaule et Auguste l’organisa » nous dit J. Carcopino.

Intéressons nous maintenant aux détails pour compléter notre histoire gallo-romaine.

Ce travail a nécessité une quinzaine d’années de recherche sur le terrain par des observations pédologiques et dans les ouvrages de différentes bibliothèques. La lecture des rapports archéologiques conservés Troyes et à Châlons-en-Champagne m’a permis de réaliser cette synthèse. C’est pourquoi je remercie très chaleureusement toutes les personnes qui m’ont aidé pour mes recherches.

Comme il est de coutume, je suis tenté de reprendre les termes de mon maître, Gabriel Groley : « Ce travail ne saurait être exempt de critiques. Mais si imparfait qu’il soit, il n’en comble pas moins une lacune. D’autres, plus avertis, n’auront qu’à le parfaire et à le compléter »
.

LIMITES DE COMPOSITION.

Dans cette étude, j’ai respecté deux limites.

La première, à l’image du tome précédent, concerne un secteur géographique précis, c’est à dire approximativement les territoires des cantons de Bouilly, Ervy-le-Châtel et le sud du canton de Troyes, avec la ville et son agglomération.

Une limite chronologique est également imposée. Elle commence à l’invasion des troupes romaines dans le nord de la Gaule, en 58 av. J.-C., le sud étant déjà colonisé depuis environs 60 ans, et se termine autour de l’an 400. Les événements cités ne dépasseront donc pas cette date.

Durant cette longue période, nous distinguons deux parties.

Le Haut-Empire commence sous Auguste. Certains historiens avancent la date de 31 av. J.-C., après la bataille d’Actium, d’autres préfèrent le situer en 27 av. J.-C., date à laquelle il prend le pouvoir avec une réorganisation complète administrative et politique. Dans l’historiographie, cette période correspond à la « paix romaine ».v

Là encore, la limite du Haut et du Bas-Empire est incertaine, car variable selon les historiens. Pour certains, c’est vers 180, lorsque l’Empire craque sous Marc-Aurèle, qu’il faut séparer les périodes, puis en 192, à la mort de Commode. Pour d’autres, la coupure de 260, à savoir le début du règne de Gallien, est aussi adopté comme date transitoire. Enfin, la date de 292 est avancée pour symboliser la fait que Rome cesse d’être la capitale unique de l’Empire pour se diviser en quatre capitales extra-romaines.

Cette limite apparaît maintenant à la date de 235, à la fin des Sévères, pour distinguer les années heureuses de la pax romana, à l’âge des Antonins, à la crise du III è siècle, accompagnée d’une période difficile d’anarchie militaire et d’invasions barbares, combinant les données politiques intérieures et extérieures.

Quant à la fin de l’Antiquité, même si certains avancent la date de 395, date de la fin de la monarchie impériale romaine et de la naissance présumée d’Attila, on la désigne généralement en 476 quand le Hérule Odoacre dépose le dernier empereur d’Occident, Romulus Augustule. Cela pose le problème de la démarcation entre le Bas-Empire romain et le Haut-Moyen-âge.

Le 31 décembre 2003.

Présentation du livre à la Maison du Boulanger, à Troyes,
En compagnie de Marc Sebeyran, maire adjoint.


Un article de journal abordant le livre :


Image du livre 'Troyes à l'époque gallo-romaine'

Auteur : Alain Hourseau

Editeur : Alain Hourseau

Parution : Janvier 2006

Prix : 20 euros

Format : 25 cm x 22 cm

Nombre de pages : 208

ISBN 2907894366

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